Si laisser un pourboire est une pratique courante, elle demeure pourtant un sujet de controverse. Appréciés de certains, décrié par d’autres, ce petit plus est peut-être en passe de devenir obligatoire. Les avis sont partagés et reposent systématiquement sur des arguments solides. Faut-il choisir son camp ?
Les pourboires dans le monde
Les pourboires sont perçus de manière différente selon le pays où vous vous rendez. Ils sont donc conseillés, rares, obligatoires ou fortement déconseillés d’une zone du globe à une autre.
Au Portugal, au Laos, à Madagascar ou encore en Algérie, le pourboire est apprécié bien que non obligatoire. Il correspond à 5-10% de la note et signifie que vous êtes satisfait de la qualité de service dans les établissements de restauration.
En Indonésie, le pourboire s’attribue surtout aux porteurs.
Si vous allez en Hongrie, en Egypte, en Palestine ou à Dubaï, prévoyez 10% de pourboire en sus de la note (taxi, restauration…). Pensez à vérifier que cet extra n’est pas déjà intégré dans la note. En Hongrie, il est d’usage d’annoncer verbalement le montant du pourboire qui est alors glissé dans l’addition. Ne laissez jamais l’argent sur la table, c’est mal perçu.
Le pourboire est quasiment indispensable au Cuba. Il s’offre aux bagagistes, chauffeurs de taxi, femmes de chambre, serveurs… Si vous venez à oublier le pourboire, il y a fort à parier que quelqu’un vous le fera remarquer.
En Angleterre, en Amérique du Nord et en Autriche, il est obligatoire de laisser entre 10 et 15% de la note en guise de pourboire. D’ailleurs, des mentions précisant que le service est “non compris” apparaît souvent sur l’addition.
Au Japon, en revanche, offrir un pourboire est considéré comme une insulte. Abstenez-vous même si le service vous a pleinement satisfait.
Comme vous pouvez le constater, laisser ou non un extra n’est pas une décision aisée. Mieux vaut vous informer à l’avance si vous prévoyez voyager. Cela vous évitera de commettre des impairs.
Les arguments en faveur du pourboire obligatoire
Le pourboire est souvent une gratification personnelle dont le montant est laissé à la discrétion du client. Selon certains professionnels du tourisme, il s’agit d’un levier pour motiver le personnel à améliorer la qualité de service. Le pourcentage “imposé” complète les revenus fixes, ce qui encourage automatiquement le personnel à accorder plus d’attention aux prestations fournies.
L’Umih (Union des métiers et des industries de l’hôtellerie) souhaite étendre cette gratification à plus de métiers dans le tourisme. Les réceptionnistes recevraient un pourboire pour la qualité de l’accueil qu’ils offrent…. Le pourboire obligatoire peut être considéré comme un moyen de faire comprendre aux consommateurs qu’il y a une équipe qui s’active vigoureusement pour le satisfaire. Au restaurant, le personnel de cuisine pourrait ainsi être remercié pour la qualité des repas. Ce sont les véritables ouvriers de la qualité des repas qui sont servis par l’équipe en salle. En ce sens, ils méritent également un geste de la part des clients.
Dans certains établissements, les pourboires sont partagés entre les salariés, ce qui réduit parfois la part de ceux que les clients ont directement remerciés. Si le principe devient obligatoire, chaque membre du personnel percevrait un pourboire en fonction des services qu’il propose. Il ne serait donc pas nécessaire de partager les extras car les pourboires sont dispatchés sur la base réelle des services rendus. Le dispositif serait plus équitable, ce qui nous ramène une fois de plus à la question de la motivation.
L’idée globale se concentre sur la nécessité de reconnaître les efforts fournis afin d’inciter les clients à se montrer plus généreux. C’est aussi une promesse de qualité : des services en sus présagent des prestations personnalisées, un accueil chaleureux….
Les arguments contre
Rien que le mot “obligatoire” suffit à susciter la réticence de certains professionnels. Thierry Mercereau qui appartient au secteur de la restauration considère que cela rebuterait les clients. Selon lui, devoir laisser systématiquement un pourboire est assimilable à l’obligation de payer une taxe supplémentaire. Le fait de d’avoir à payer plus nuirait donc à l’affluence car les tarifs augmentent automatiquement si l’on y ajoute 10 à 15% pour le service.
Par principe, le pourboire repose sur la libéralité, la satisfaction par rapport au service. S’il est obligatoire, les clients devront tout de même débourser un extra même si la qualité des prestations laisse à désirer. Les femmes de chambre et le personnel en salle n’aurait donc aucune obligation de proposer un service qualitatif puisque le pourboire serait considéré comme un droit acquis.
Certains arguments portent sur le fait que servir la clientèle fait partie intégrante des métiers des coiffeurs, pompistes et autres professionnels. Ils sont rémunérés via un salaire fixe versé par leurs employeurs afin d’offrir des prestations qualitatives. Les clients ne devraient donc pas être obligés de manifester leur satisfaction en numéraire, même s’il s’agit d’un dollar symbolique. Cela reviendrait à leur forcer la main. Il serait donc préférable que le pourboire demeure facultatif. C’est nettement plus motivant dans le sens où il doit se mériter, selon les avis néfastes au dispositif obligatoire.
Pour l’heure, aucune profession ne peut exiger le pourboire en France. Cette gratification facultative est laissée à l’appréciation de chacun. Si les montants sont en baisse, la qualité de service l’est tout autant. Selon la perception, le pourboire obligatoire peut donc se poser en vecteur de motivation pour les salariés ou en facteur de réduction de l’affluence. La polémique subsiste.